Message #701759

[Uphir(Uphir)]

Genève, calme et paisible... cité paresseuse au coeur des montagnes, bordée par les eaux du lac Léman qui donne à la ville des allures de Riviera à la nuit tombée. Les organisations internationales y ont leur siège européen... de nombreuses banques aussi. Rien d'étonnant dès lors que "l'élite" s'y retrouve pour cette vaste brocante à huis clos, où le moindre objet n'est à la portée que des plus fortunés ! En me promenant dans l'après midi, admirant au passage le célèbre jet d'eau qui culmine à plus de 30 mètres au bout de la jetée des Eaux-Vives, j'ai croisé nombre de voitures de luxe, abandonnées négligemment par leur propriétaire aux mains de grooms qui l'espace d'un instant peuvent prendre les commandes d'une Ferrari ou d'une Lamborghini. J'ai délaissé cette vision un peu triste pour la quiétude du jardin Anglais où j'ai révisé les modèles que je dois présenter lors du défilé prévu dans le cadre du Krazel show. Au milieu d'une foule plus estudiantine, moins guindée, je me suis sentie plus à mon aise. Pas que le "grand monde" me déplaise, j'y suis habituée depuis mon plus jeune âge et de part mon métier; seulement, il est parfois si artificiel !

D'ailleurs, cette foire pour bourgeois à laquelle on m'envoie participer, qu'est ce donc si ce n'est qu'un peu de rêve pour enfants gâtés ? Des armes, des antiquités, de la drogue, de l'alcool en quantité plus que raisonnable... je ne suis pas sûre d'être vraiment à ma place ! J'espère pouvoir rester dans l'ombre, faire ce pour quoi je suis là, et m'en retourner vite à Paris. Seul cet étrange message délivré au nom de l'A.I.G.L.E pique ma curiosité au point de me pousser à franchir les portes de l'établissement La Ménade pour prendre un verre (quoi faire d'autre pour me mêler au décor ?) là où ma chambre m'offrait un confort et une tranquillité appréciables.

Me voilà donc à ce bar, sculptée dans une robe de soirée simple mais parfaitement ajustée, touillant négligemment une caïpirinha (l'exotisme du nom me plaisait) que je n'ai pas encore portée à mes lèvres délicates, attendant... quoi au juste ? Un signe... des Dieux ? J'avoue que des fois, j'aimerai que ma mère soit là et me guide, me dise ce qu'elle attend de moi, m'explique quel est mon rôle...

Bonsoir, vous venez souvent ici ?

Technique d'approche d'un classicisme déconcertant; mais n'est ce pas dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes ? L'homme, au demeurant charmant, a au moins le mérite de m'éviter quelques remarques autrement plus blessantes qui m'accompagnent parfois lors des soirées. Je préfère cela au prétentieux sûr de son fait ou à l'humour maladroit et déplacé. Je suis seule, il semble l'être aussi, et ne connaissant personne ici, je ne me vois pas laisser passer l'occasion de discuter un peu. Un sourire n'engage à rien... sauf lorsque l'on est descendante d'Aphrodite je suppose.

Non, c'est la première fois. Et vous, Monsieur... ?

A ouverture classique, réponse classique.